Personnalités noires historiques qui ont contribué à l’évolution des droits de la personne au Canada
publié le 19 mars 2025
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Aujourd’hui au Canada, plusieurs lois et institutions protègent les Canadiens et Canadiennes contre toute forme de discrimination. Au fil de l’histoire du pays, plusieurs personnes noires ont grandement contribué à la protection des droits de la personne pour garantir ces droits que nous avons aujourd'hui. En voici quelques mentions.
De l’esclavage à la liberté : la lutte de personnalités noires canadiennes
Les années 1700 marquent un moment important de plusieurs mouvements pour éliminer l’esclavage au Canada. Voici un aperçu de quelques personnalités et mouvements historiques importants de la lutte pour la liberté et les droits de la personne.
Chloe Cooley
Chloe Cooley était une femme esclave d’origine africaine vivant dans la région du Niagara, en Ontario. Il existe peu d’information sur la vie de Chloe. En revanche, un moment important de son histoire enclenche la création d’une loi imposant des limites à l’esclavage en Ontario. En 1793, Chloe Cooley résiste à sa capture et son trafic aux États-Unis. Elle résiste à son esclavagiste et refuse de travailler.
Même si elle ne parvient pas à se libérer, son courage pousse le lieutenant-gouverneur Simcoe à proposer une loi pour limiter l’esclavage en Ontario. Cette loi libère les esclaves ayant servi pendant 25 ans et plus, et interdit d’amener de nouveaux esclaves en Ontario provenant d’autres régions ou pays.
La traversée du chemin de fer clandestin, Harriet Tubman et le mouvement abolitioniste
Quelques années après l’affaire Chloe Cooley, un avis juridique du procureur général déclare en 1819 que toute personne d’ascendance africaine arrivant en Ontario a la garantie de sa liberté même si elle est soumise à l’esclavage dans un autre pays.
Plus tard, plus de 30 000 personnes noires arrivent au Canada à travers le chemin de fer clandestin. C’est une organisation qui aide alors les esclaves à s’échapper des États-Unis. Le chemin de fer clandestin a été créé par des personnes qui voulaient abolir l’esclavage et aider des esclaves fugitifs à trouver leur liberté au Canada.
Pendant les années 1800, la lutte contre l'esclavage chevauche les frontières du Canada et des États-Unis telles qu'on les connaît aujourd'hui. D’ailleurs l’une des personnes les plus célèbres du chemin de fer clandestin à avoir aidé des centaines d’esclaves à trouver leur liberté au Canada est Harriet Tubman, une esclave fugitive du Maryland (États-Unis). Elle est devenue l'une des personnes les plus importantes du mouvement abolitioniste. Le mouvement abolitioniste est un mouvement militant pour la fin de l’esclavage au Canada et aux États-Unis. Ce mouvement comprenait des anciens esclaves, des personnes Autochtones et des chrétiens.
(Crédit image : © Paul Collins, Harriet Tubman's Underground Railroad)
Abraham Shadd (1801-1882) et Mary Ann Shadd (1823-1893): politique et médias
Abraham Shadd, militant antiesclavagiste, faisait partie du mouvement abolitionniste et aidait aussi les personnes esclaves à se réfugier au Canada à travers le chemin de fer clandestin.

En 1859, à l'âge de 58 ans, Abraham Shadd devient le premier homme noir à occuper une fonction publique au Canada, élu comme conseiller de Raleigh, en Ontario.
Mary Ann Shadd, la fille de Abraham Shadd, était une militante antiesclavagiste, journaliste, éditrice, enseignante et avocate américano-canadienne. Tout au long de sa vie, Mary Ann Shadd a défendu le mouvement abolitioniste et l'égalité pour tous.
Elle a marqué l'histoire en étant la première femme de presse noire en Amérique du Nord. Elle décide de créer son propre Journal, le Provincial Freeman. Dans ce journal, elle promeut le mouvement abolitionniste et recommande le refuge en Ontario. Elle appelle à l’indépendance, l’autosuffisance et l’intégration des personnes noires dans la société canadienne.
La lutte constante du mouvement abolitioniste est l’un des grands facteurs à la création de la Loi sur l’abolition de l’esclavage en 1833. Cette loi est l’une des premières étapes de la fin de l’esclavage dans la plupart des colonies britanniques, incluant le Canada, pendant les décennies qui suivent.
(Crédit photo : © Delaware Public Archive NCC-248: Originally Installed in 2022)
Le combat contre la ségrégation raciale pour garantir les droits de la personne
Historiquement, il n’existait pas de lois officielles imposant la ségrégation raciale au Canada. Mais des endroits comme les cinémas, restaurants, piscines ou parcs appliquaient leurs propres règles de ségrégation raciale. Ainsi les personnes noires n’avaient pas droit aux mêmes services que les personnes blanches. Plusieurs mouvements contre cette ségrégation font naître, dans les années 1950 et 1960, des lois pour protéger contre la discrimination dans différents services comme l’éducation, l’emploi, la santé et le logement. Voici un survol de quelques personnes clés qui se sont battues contre la ségrégation raciale au Canada.
Carrie M. Best (1903-2001), lutter pour l’égalité
Carrie Best est une militante des droits de la personne, auteure, journaliste, éditrice en Nouvelle-Écosse à l'époque de la discrimination raciale. Elle a utilisé sa voix à la radio et dans la presse écrite pour défendre les droits des personnes noires et lutter contre la discrimination raciale au Canada.

Un des moments marquant de son histoire se passe en 1941, lorsqu’elle apprend que des étudiantes du secondaire sont expulsées du cinéma Roseland pour s’être assises dans la section réservée aux personnes blanches. Carrie Best écrit au propriétaire du cinéma pour dénoncer la politique raciste. Elle précise que tous les Canadiens et Canadiennes devraient avoir les mêmes droits, peu importe leur race. Elle décide d’aller en personne pour acheter un billet dans la salle de cinéma. On lui refuse le billet, elle va tout de même s’assoir mais la police l’expulse. Elle est condamnée à une amende pour avoir troublé la paix.
En 1946, elle fonde “The Clarion”, un journal destiné à influencer positivement les personnes noires de New Glasgow. C'est l'un des premiers journaux de Nouvelle-Écosse à être publié et détenu par une personne noire. Elle est embauchée plus tard comme chroniqueuse pour le “Picto Advocate” sous la rubrique des “Droits de la personne”.
(Crédit photo : © Canada Post Corporation, 2011)
Viola Davis Desmond (1914-1965), son impact sur l’histoire des Noirs au Canada
Viola Desmond est une femme d’affaire de la Nouvelle-Écosse et militante des droits civils au Canada. Entrepreneure et propriétaire de salon de beauté, elle crée une ligne de cosmétiques pour les personnes aux teints plus foncés.

En 1946, Viola Desmond fait face à une situation de ségrégation raciale lorsqu’elle prend un siège dans la section réservée aux personnes blanches du cinéma Roseland (5 ans après l’affaire Carrie Best). Elle est expulsée, arrêtée, emprisonnée pour la nuit et reçoit une amende. Après sa condamnation, Viola Desmond décide de dénoncer cette injustice. Cependant, son appel à la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse est rejeté.
Toutefois, son procès attire l’attention du grand public et sa résistance à la discrimination raciale inspire les mouvements de défense des droits de la personne à travers le Canada. Ce n’est qu’en 2010, que la Nouvelle-Écosse présente à Viola des excuses officielles et un pardon absolu. Sa photo apparaît sur le billet de 10 $ canadien.
(Crédit photo : © Winnipeg Free Press, 1940)
Bromley Lloyd Armstrong (1926-2018), un tournant pour la communauté noire
Bromley Armstrong est un militant des droits de la personne au Canada. Il est reconnu comme une figure importante des campagnes contre la discrimination en Ontario. Armstrong a dédié sa vie en tant que syndicaliste et organisateur communautaire pour le mouvement des syndicats ouvriers et a lutté contre la discrimination raciale au pays.

Son rôle dans plusieurs manifestations marque la première étape vers l’adoption de lois qui interdisent la discrimination au Canada. Un des moments marquants de son histoire est l’affaire Dresden. Dresden est une région en Ontario du terminus du Chemin de fer clandestin. Sa population compte 20% de personnes de race noire. Cependant cette population se voit refuser des services. Armstrong participe alors avec différents groupes militants à des manifestations assises dans les restaurants de Dresden où l’on refuse de servir les personnes noires.
Cette affaire devient très connue dans les médias et pousse le premier ministre de l’époque à engager l’Ontario vers des lois antidiscriminatoires. C’est grâce à cette affaire qu’est né en 1961, la Commission ontarienne des droits de la personne. Ceci mène aussi à la création de lois qui interdisent la discrimination dans l’embauche, le logement et les endroits publics en Ontario.
(Crédit photo : © Bromley Armstrong)
L’honorable Jean Augustine (née en 1937), pionnière en politique

L’honorable Jean Augustine est une enseignante, militante sociale et pionnière en politique.
Elle joint différents organismes communautaires pour défendre les droits des minorités et des femmes à Toronto.
Augustine a joué un rôle important dans la promotion de la loi visant à rendre février le Mois de l'histoire des Noirs en 1995.
Elle est la première femme noire canadienne à être élue à la Chambre des communes et à siéger au Parlement du Canada. De 2007 à 2015, elle devient la première commissaire en équité du gouvernement de l’Ontario.
(Crédit photo : © L'honorable Jean Augustine, site officiel)
Depuis les années 1700 à nos jours, de nombreuses personnes noires contribuent au développement des droits de la personne au Canada. Que ce soit dans le système législatif, judiciaire ou dans la vie de tous les jours, la liste de personnalités historiques ne cesse de s’agrandir. Ce dossier n’est qu’un survol de certaines mentions à titre éducatif pour mieux comprendre l’évolution des droits de la personne au Canada.