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Pensionnats autochtones : 150 ans d’injustice à réparer

publié le 20 juin 2018 , mis à jour le 31 mai 2021

Au Canada, les lois peuvent être différentes.

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Imaginez qu’on vous arrache votre enfant pour l’emmener à des kilomètres de son foyer. On lui attribue un numéro pour remplacer son nom. On lui enlève ses vêtements, sa langue, sa dignité et on lui impose une religion. Il a toujours faim, subit de l’abus physique, psychologique et sexuel, alors que plusieurs de ses amis sont malades et mourants. De génération en génération, les séquelles des pensionnats autochtones se font sentir… Mais alors, quelle justice pour les survivants?

Les pensionnats autochtones (en anglais « indian residential schools ») en quelques mots…

Les pensionnats ont été créés par le gouvernement du Canada et administrés par des Églises dans le but d’assimiler les peuples autochtones (Premières Nations, Inuits et Métis ).

De 1831 à 1996, plus de 150 000 enfants ont été arrachés de leur famille pour être placés dans des pensionnats (ce chiffre exclut les victimes qui n’ont pas été aux pensionnats reconnus, par exemple, les élèves de Terre-Neuve et Labrador).

Pendant des années, le gouvernement du Canada et les Églises qui avaient administré ces écoles ont refusé de reconnaître les mauvais traitements dont ont été victimes de nombreux enfants.

Reconnaissance de ce moment sombre de l’histoire canadienne en 2006

Ce n’est qu’en 2006, en réponse à la pression juridique exercée par les survivants, que le gouvernement et les Églises ont finalement reconnu que le système des pensionnats avait injustement et durablement nui aux peuples autochtones du Canada.

Selon la Commission de vérité et réconciliation, cette politique d’assimilation est un génocide culturel puisqu’on interdisait aux élèves de parler leur langue, de conserver leur culture et qu’on brisait les liens familiaux. Le gouvernement a cherché à détruire des parties entières des cultures autochtones et le lien très fort que les Autochtones ont avec le territoire.

 


SAVIEZ-VOUS QUE:

L’intention avouée du gouvernement en créant les pensionnats était de « tuer l’indien chez l’enfant », afin que les Autochtones soient complètement absorbés par la société canadienne et qu’il n’en reste plus aucun.


Y a-t-il eu des morts dans les pensionnats?

Oui. Les pensionnats étaient surpeuplés, mal chauffés, insalubres et souvent dépourvus d'infirmerie, ce qui laissait se propager plusieurs maladies. La plupart des décès ont eu lieu avant 1940 et dans près de la moitié des cas, la tuberculose en est la cause.

Le taux de mortalité des enfants autochtones était beaucoup plus élevé que celui des enfants non autochtones du même âge. À une certaine époque, le taux de mortalité dans les pensionnats était environ 5 fois plus élevé que celui des autres enfants canadiens. Dans certains pensionnats, 75 % des enfants qui y résidaient sont morts.

Le registre de la Commission vérité et réconciliation comprend les noms de 3 200 enfants décédés dans les pensionnats, mais le nombre d’enfants décédés au total est estimé à plus de 6 000.

Quels dédommagements pour les survivant(e)s des pensionnats autochtones?

De manière individuelle ou collective, les victimes peuvent tenter d’obtenir un dédommagement de diverses façons.

Les victimes qui ne sont pas inscrites au Paiement d’expérience commune et au Processus d’évaluation indépendant peuvent poursuivre le gouvernement, les Églises et les personnes responsables de leurs souffrances.  

Certaines victimes ont aussi accès à des programmes sociaux offerts par des organismes et subventionnés par le gouvernement.

 


IMPORTANT

Les Autochtones ne peuvent pas être dédommagés par une cour de justice pour l’extinction de leurs langues et de leurs cultures puisqu’un génocide culturel n’est pas reconnu comme un délit civil en droit canadien.


Vous entendez souvent le mot « réconciliation » : où en sommes-nous?

La plus grande poursuite collective de l’histoire du Canada a été initiée par les victimes des pensionnats autochtones.

En 2006, la poursuite s’est réglée avant de se rendre au procès et a donné lieu à la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, une entente à l’amiable (aussi appelée « règlement hors cour ») entre d’anciens élèves des pensionnats, des Églises, l’Assemblée des Premières Nations, des organisations autochtones et le Gouvernement du Canada.

La Convention de règlement relative aux pensionnats indiens est à l’origine :

L’entente touche environ 80 000 à 90 000 anciens élèves des pensionnats, ce qui n’inclut donc pas toutes les victimes, ni les dommages intergénérationnels (voir ci-dessous).

 


ATTENTION

Il n’est plus possible de faire demande pour recevoir un Paiement d’expérience commune ou de s’inscrire au Processus d’évaluation indépendant. Toutefois, une ligne d’écoute téléphonique sans frais (1-866-925-4419), ouverte 24 h sur 24 h, offre du soutien moral aux anciens élèves des pensionnats dans le cadre du Programme de soutien en santé de résolution des pensionnats indiens.


Les « dommages intergénérationnels » : quelles répercussions pour les futures générations autochtones?

Le génocide culturel des pensionnats a des effets intergénérationnels importants pour les individus et les collectivités autochtones. La destruction du lien avec la terre, la perte de la langue, la destruction des liens communautaires et la violence subie ont pour conséquence un haut niveau de violence et de conduite d’auto-destruction.

Les conditions de vie qui découlent du système des pensionnats entrainent la surreprésentation d’enfants autochtones pris en charge par les services de protection de l’enfance (plus de 40 % des enfants placés au Canada sont autochtones).

Puisque les enfants autochtones sont souvent placés dans des foyers non autochtones, on peut dire que le génocide culturel se fait toujours sentir…malgré la fin des pensionnats.